Bon, désolé pour le titre putaclic mais il fallait que j'attire votre attention (encore plus) sur certains points des portefeuilles boursiers.
Comment la règle des 4% pourrait vous ruiner ? Vous connaissez peut-être la règle de 4%, c'est à dire retirer 4% de votre capital en phase de consommation afin de pouvoir vivre paisiblement votre retraite tout en conservant dans le temps votre capital. Et bien... vous pourriez finir ruiné ! De quoi ? Mais c'est contre tout ce que vous avez dit auparavant ?! Et bien oui mais non. Il est en effet possible de perdre son capital, dans certaines situations et celles-ci se rencontrent bien plus souvent que vous pouvez le penser, dans le sens où il s'agit purement de comportement humain. Oui encore une fois, nos biais, nos croyances peuvent conduire à la ruine financière d'où l'importance de bien se connaitre et de baser ses décisions sur ce qui a été étudié maintes et maintes fois et non pas sur des projections personnelles.
Spoiler : si vous faites les choses correctement, en étant couvert et diversifié, en lien avec les études jusqu'à présent, vous réduisez drastiquement le risque que cela se produise. En effet, nul ne peut prédire l'avenir, mais encore une fois, les mouvements des marchés financiers ne sont que les reflets des comportements humains. Trêve de blabla, on y va, avec une histoire et on remet une couche sur de l'intérêt de la diversification et des obligations (autre article ici).
Imaginons que, vous êtes l'un des meilleurs stockpicker du monde (le fait de prendre des actions individuelles). Vous possédez quelques-unes des meilleures actions. Au cours des dix dernières années, vous avez gagné en moyenne plus de 20 % par an. Vous êtes maintenant prêt à prendre votre retraite, à faire le tour du monde.
Malheureusement, dans plusieurs années, vous ne ferez peut-être plus que le tour de votre pâté de maison.
Cela peut sembler dramatique, surtout si vous connaissez la règle des 4 %. Selon des études éprouvées, les retraités devraient être en mesure de retirer chaque année de leur portefeuille un montant de 4 % corrigé de l'inflation. Ce portefeuille, dit-on, devrait durer au moins 30 ans.
Mais deux formes d'évènement de marché peuvent vous faire couler :
1. Si les actions s'effondrent au cours de la première année de retraite et restent à la baisse pendant quelques années.
2. Si votre portefeuille n'est pas assez diversifié.
Commençons par une introduction à la "règle des 4 %".
Supposons que vous ayez pris votre retraite avec 1 million d'euros de capital boursier (pour ne pas vous décourager, cela implique un investissement de 1 000 euros par mois pendant un peu plus de 25 ans, avec un capital de départ de 10 000 euros et un rendement de 8% par an en moyenne, rendement boursier historique). Au cours de votre première année de retraite, vous pourriez retirer 40 000 euros de votre portefeuille. Cela représente 4 % du total. Au cours des années suivantes, vous devriez retirer davantage pour faire face à l'augmentation du coût du papier toilette, des billets d'avion, des céréales, de l'électricité et, si vous n'avez pas de chance, des médicaments et soins contre votre hypertension artérielle.
En d'autres termes, la seule fois où vous calculez 4 % de la valeur de votre portefeuille, c'est au cours de la première année de votre retraite.
Si l'inflation, au cours des cinq prochaines années de votre retraite, était de 2 %, 4 %, 5 %, 2 % et 3 %, vos prochains retraits annuels seraient de 40 800 €, 42 432 €, 44 553 €, 45 444 € et 46 808 €.
En revanche, si les actions chutent au moment de votre départ à la retraite, vous risquez de rencontrer des difficultés si vous ne détenez que les actions les plus performantes.
Supposons que vous ayez pris votre retraite il y a 25 ans, en janvier 2000.
Les marchés boursiers mondiaux et américains ont chuté en 2000, 2001 et 2002. Votre portefeuille de retraite ne comprenait que quatre actions. Mais il ne s'agissait pas de n'importe quelles quatre actions. Elles figuraient parmi les valeurs les plus performantes des années 1990 : Amazon, Cisco Systems, Intel et Microsoft.
En prenant votre retraite avec ce portefeuille, vous auriez pu vous sentir comme Michael Jordan.
Mais selon Morningstar, cette cuvée a plongé (pas fait exprès pour le jeu de mot) de 70 % au cours des 15 premiers mois de cette retraite infortunée. Et cela ne tient pas compte des retraits que vous auriez effectués. Si vous aviez commencé à retirer un montant de 4 % corrigé de l'inflation en l'an 2000, vos actifs auraient rapidement ressemblé à ceux d'un champion de boxe poids lourds aujourd'hui ruiné (pour ceux qui ont la ref...), au lieu de ceux de Jordan.
Ces quatre actions étaient appelées « actions de croissance ». Ces actions sont performantes lorsque les actions montent en flèche. Mais elles chutent le plus durement et sont les plus lentes à se redresser lorsque le marché se retourne.
Je comprends ce que vous pouvez penser : « Je ne détiendrais jamais seulement 4 actions ! »
D'accord, diversifions un peu.
Incluons 700 actions de croissance américaines sélectionnées au hasard. Selon le site portfoliovisualizer.com, entre 1990 et 2000, les actions de croissance américaines ont enregistré un rendement moyen de 21,44 %. Cela représente 597 % en seulement 10 ans. Compte tenu des rendements passés de ces actions, vous pourriez être heureux de prendre votre retraite avec elles.
Mais si vous aviez pris votre retraite avec des actions de croissance américaines (et que c'était tout ce que vous possédiez), vous auriez eu besoin d'amis, de famille ou de la soupe populaire pour garder le ventre plein. Après seulement 18 ans, vous auriez manqué d'argent. A ceux qui détiennent uniquement du SP500, ce message devrait vous faire tilt. Je fais le lien ici avec mon introduction, on voit souvent ce comportement en Bourse, surtout chez les jeunes.
Ci-dessous, vous pouvez voir la valeur de marché de l'indice des actions de croissance américaines d'un retraité, avec des retraits annuels corrigés de l'inflation basés sur la règle des 4 %.
Actions de croissance américaines (fonds VIGRX) et règle des 4% ajustée à l'inflation entre 2000-2018, à partir d'un million d'euros :
Diversifions maintenant davantage.
Au lieu de détenir un portefeuille d'actions de croissance, imaginons que nous détenions un indice boursier mondial (on revient sur cette notion ici). Cet indice comprendrait des actions de croissance et des actions de valeur des États-Unis, de l'Europe, de l'Asie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie ainsi que des marchés émergents.
Si un retraité avait investi 100 % de son portefeuille dans un indice boursier mondial, son argent aurait duré plus de 18 ans. Mais il pourrait ne pas durer trente ans.
Ci-dessous, vous pouvez voir la valeur du portefeuille au fil du temps.
Il s'agit à nouveau d'un portefeuille d'un million d'euros en janvier 2000. Le retraité aurait retiré 40 000 euros au cours de la première année de sa retraite, puis aurait augmenté ses retraits chaque année.
En 2025, le portefeuille vaudrait environ 415 000 euros. Cela peut sembler convenable. Mais le retrait prévu pour 2025 (n'oubliez pas que les retraits augmentent chaque année) serait au minimum de 75 000 euros. Cela représente 18,1 % de la valeur du portefeuille.
Si les actions mondiales chutent en 2025 et 2026 (comme en 1973-1974, 2000-2002 ou 2008), le retraité n'aura plus d'argent avant 2030. A ceux qui détiennent uniquement des actions dans un portefeuille boursier, ce message devrait vous faire également tilt. Je fais encore une fois le lien ici avec mon introduction, on voit souvent ce comportement en Bourse sans arguments rationnels.
Indice boursier mondial fonds VTSMX + VGTSX à 100 % et règle des 4% ajustée à l'inflation. 2000-2025, en partant d'un million d'euros :
Diversifions davantage et couvrons nous.
Imaginons qu'en janvier 2000, le portefeuille d'un retraité comprenne 60 % d'actions mondiales et 40 % d'obligations mondiales.
Les actions mondiales ont surpassé les obligations mondiales au cours des 25 années suivantes. Pourtant, un portefeuille équilibré 60/40 (en vert) a obtenu de bien meilleurs résultats pour les retraités qu'un portefeuille composé uniquement d'un indice boursier mondial (en bleu).
Ci-dessous, vous pouvez voir que le portefeuille 60/40 disposerait encore d'environ 1,008 million d'euros après 25 ans de retraits. C'est environ 2,5 fois plus qu'un retraité investi à 100 % dans un indice boursier mondial.
60 % d'actions mondiales fonds VTSMX + VGTSX, 40 % d'obligations mondiales fonds VBMFX (bleu) contre 100 % d'un indice boursier mondial fonds VTSMX + VGTSX (vert). Règle des 4% ajustée à l'inflation. 2000-2025, à partir d'un million d'euros :
Vous pourriez vous dire : « Les actions mondiales ont écrasé les rendements des obligations mondiales au cours de cette période. En fait, les obligations ont enregistré des rendements faibles ! Comment le portefeuille 60/40 a-t-il pu résister aussi bien ?"
Voici comment :
En cas de chute brutale des actions, le retraité vendrait plus d'obligations que d'actions. Ce n'est pas le fruit d'une manœuvre astucieuse. C'est simplement le résultat du maintien d'une répartition cohérente entre les actions et les obligations.
En d'autres termes, lorsque les actions ont chuté entre 2000 et 2002, puis à nouveau en 2008, pour maintenir une allocation cohérente (60 % d'actions, 40 % d'obligations), le retraité aurait vendu beaucoup plus d'obligations que d'actions lors de ses retraits corrigés de l'inflation.
Non seulement le portefeuille a été plus stable pendant les périodes de ralentissement (voir le graphique ci-dessus), mais le retraité a vendu moins d'actifs boursiers lorsque les actions étaient à la baisse.
Sans oublier les mathématiques et le phénomène de béta slippage (article ici) : dans un portefeuille 100% actions, lorsque vos actions perdent 50%, il faut que votre portefeuille performe de +100% pour retourner à l'état d'équilibre, versus +44% dans le cadre d'un portefeuille 60-40 (en effet, pour des obligations stables, la baisse se limite alors à 30% : 60% de 50%).
Vous pourriez dire : « Je ne détiendrai jamais d'obligations. Je ne veux que des actions. La séquence des rendements, la macroéconomie, ne sera jamais aussi mauvaise qu'entre 2000 et 2025."
Si vous pouvez voir l'avenir, arrêtez de lire ceci.
Allez sauver des gens.
Pour le reste d'entre nous, la prudence est de mise.
L'avenir pourrait être pire que le passé. L'aversion au risque se modifie (rationnellement) avec l'âge. Votre perception du risque, une fois plus âgé, changera, ce qui est "normal", donc ne pensez pas pouvoir supporter les mêmes risques dans 20 ans.
C'est pourquoi les retraités devraient diversifier leur portefeuille en investissant dans des actions internationales et en conservant 20 à 40 % d'obligations.