Ce mois-ci, nous avons le plaisir de vous offrir un article mindset bonus spécialement conçu pour les médecins. Nous allons plonger dans l'univers des investissements, en tenant compte des spécificités de notre profession. Nous aborderons pourquoi et comment gérer judicieusement vos finances dans ce contexte si particulier ! Aller c’est parti !
Un article spécialement pour les médecins, est-ce vraiment nécessaire ? OUI ! Il existe tant de spécificités touchant notre profession qui font que ni le raisonnement ni le timing pour investir ne sont les mêmes comparativement à la population générale.
Les études de médecine sont à la fois difficiles, exigeantes et prolongées, rendant difficile l'engagement profond dans d'autres domaines sans faire de compromis (pour ne pas dire sacrifices) ailleurs. En effet, l'externat, l'ECN (EDN désormais), l'internat – tous ces jalons rendent ardu l'ajout d'autres éléments à nos vies sans risquer la saturation. Notre esprit est déjà pleinement sollicité par ces engagements, sans même considérer les autres responsabilités de la vie elle-même. De plus, jusqu'à présent, les universités ont omis de nous sensibiliser aux rouages de l'argent, de l'économie et des finances, une formation qui serait pourtant cruciale pour tous les professionnels (pas que médecins) en France.
Lorsqu'on prend du recul, nous constatons que notre profession est inévitablement exposée, d'une manière ou d'une autre, aux mécanismes financiers. Bien que nos revenus dépassent ceux de la majorité des Français et que nous jouions un rôle central dans un système de santé étroitement lié à l'économie et à la finance contemporaines, les compétences financières nous font souvent défaut. Une particularité supplémentaire réside dans la nette augmentation de nos revenus à la sortie de l'internat. Face à cette hausse soudaine, de nombreuses questions surgissent : comment investir, où investir ? En l'absence d'une formation tout au long de nos années d'études, il devient complexe de planifier sereinement. Surtout lorsque diverses entités commerciales (je reste poli !) vous abordent avec une multitude de produits, souvent plus opaques les uns que les autres. Opaque, par manque d’information, biais de présentation (oui les commerciaux excellent dans ceci) ou juste par méconnaissance personnelle (manque de formation) des produits.
En tant que médecins, notre tendance naturelle est de placer une confiance inébranlable dans l'intégrité professionnelle. Lorsque nous réorientons un patient vers un confrère ou une consœur, nous maintenons une confiance solide dans les compétences et le sérieux de nos pairs, assurés qu'ils veilleront au mieux sur notre patient. Ce raisonnement peut aisément être étendu à d'autres domaines professionnels, mais il s'avère malheureusement biaisé. En effet, il est important de réaliser que la très grande majorité des experts de la finance, de la gestion de patrimoine ou autres, ne sont pas nécessairement dédiés à la défense exclusive de vos intérêts. C'est une réalité. Alors, comment agir face à cette complexité ? Faut-il se méfier de tout le monde ? Pas nécessairement. La réponse réside plutôt dans l'acquisition de connaissances. En gros, se former.
Ah mais oui, mais comment ? Les sources pertinentes foisonnent sur le net, mais elles sont souvent dispersées dans un amas désorganisé, ce qui demande un investissement considérable en temps et efforts pour les rassembler et faire les liens.
Oui, cela prend du temps, car cela implique une acculturation des bases d'un nouvel écosystème, d'une sémantique spécifique et d'un nouveau vocabulaire, ainsi que l'assimilation des règles. Néanmoins, cela est bien plus simple qu’il n’y parait et bien plus simple que la médecine.
Je reviens sur les règles. Car oui, la compréhension de ce monde, d’argent, d’économie passe par la connaissance et compréhension des règles. Nous y reviendrons plus bas.
Tout ce discours est bien beau, mais comment investir et gérer son argent ?
Qu’est-ce que l’acte d’investir ? Qu’est-ce qu’un investisseur ? Lorsque qu’on parle d'investissement, notre esprit fait immédiatement le lien avec l'argent. En effet, un investisseur est une personne, qu'elle soit physique ou morale, qui entrevoit un rendement suite à ses investissements. Cet acte d'investissement peut prendre diverses formes : financières, temporelles, et bien d'autres encore. Vous avez la capacité d'investir votre argent, votre temps, et même votre énergie pour une cause précise. Le retour sur investissement peut revêtir des dimensions variées : personnelles, environnementales, humaines, sociales, pécuniaires, et plus encore. Il est important de noter que l'investissement n'est pas nécessairement synonyme d'argent, c'est là l'idée que nous voulions mettre en avant dans ce paragraphe. Néanmoins, recentrons-nous sur l'investissement avec l'objectif d'obtenir un rendement pécuniaire.
Tel que mentionné précédemment, en tant que médecins, nous jouissons d'un revenu supérieur à la moyenne française. À partir de cette position, et cela n’engage que moi, je considère que ma perspective sur l'acte d'investir est fortement teintée de responsabilité. Cette chance, acquise certes avec et après beaucoup de travail, m'engage à garantir le meilleur pour ma famille, moi-même, ainsi que pour les autres. Cela englobe non seulement le soutien à l'économie d’un pays et de ses acteurs, mais également une contribution positive sur le plan social, et si possible, environnemental. Cela peut sonner story telling, mais ce sont bel et bien les motivations fondamentales qui me poussent à investir et à partager avec vous cet article, ces réflexions. L'acte d'investissement revêt une signification qui dépasse l'individuel, impactant vos proches et tout individu susceptible de bénéficier de ces actions investies, que ce soit sur le plan pécuniaire ou dans des dimensions plus sociales.
Par ailleurs, il est impératif de garder à l'esprit que c'est en adoptant une perspective à long terme que nous pouvons récolter les bénéfices les plus conséquents, qu'ils soient pécuniaires, sociaux, environnementaux, ou autres.
Bien, et ces règles alors ?
Avant de les aborder, prenez un moment pour vous poser cette question fondamentale : pourquoi ? Pourquoi ressentez-vous le besoin d'investir, et quelle signification souhaitez-vous attribuer à cet engagement ? Est-ce pour garantir votre avenir, préparer votre retraite, réduire votre activité professionnelle ? Peut-être désirez-vous améliorer la qualité de vie de vos parents ? Cette interrogation constitue la pierre angulaire, le socle sur lequel repose tout acte d'investissement – le pourquoi. Avant de s’intéresser aux règles de cet univers, il est essentiel de définir clairement ces motivations premières.
Tu fais trop de teasing, balance les règles ! Oui mais non, « je n’ai pas fini » (pour ceux qui ont la ref…). On est dans le pourquoi donc dans les objectifs.
Avant de parler objectifs, je reviens sur la notion de nécessité. Vous savez que le système actuel de retraite en France n’est plus viable. La retraite moyenne d’un médecin en France (chiffres CARMF juin 2022) est de 2722 euros par mois. Cela fait un gros manque à gagner si vous vous fiez uniquement à cette pension. Il en découle que votre niveau de vie risque de diminuer drastiquement. Et c’est en cela qu’il est nécessaire de prendre des mesures de son côté sans tabler sur une intervention de l’Etat.
Ok et comment je défini un objectif ?
Vous pouvez utiliser la méthodologie SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, temporellement défini) pour établir des objectifs grand et spécifique. Un exemple : « je souhaite générer 500€ de revenus passifs par mois dans 12 mois afin de préparer ma retraite ». Attention à ne pas définir des objectifs « petit et large » ou « grand et large » ou « petit et spécifique ». L’objectif recherché doit être « grand et spécifique ». Si l’objectif semble trop grand, il est alors possible de le décomposer des objectifs plus petits et donc réalisables. Cela peut paraître incongru et contraignant mais réaliser cet exercice et écrire vos objectifs augmenterait vos chances de 45%, selon les études, de concrétiser ces objectifs.
Une fois que vous avez établi un ou plusieurs objectifs, il est temps d'aborder la phase de gestion : comment gérer votre argent. Il est intéressant de noter que les études du Dr Thomas Stanley mettent en évidence que, aux côtés des avocats, les médecins sont considérés comme les pires investisseurs. Non pas par manque d'intelligence, mais plutôt en raison d'un manque de connaissances et de de gestion inadéquate. Un élément crucial que nous n'avons pas encore abordé est la gestion de vos dépenses. En effet, il est courant que les médecins augmentent rapidement leur niveau de vie dès que leurs revenus augmentent. Or, c'est précisément ce comportement qui peut entraver vos investissements. La gestion de vos revenus ET de vos dépenses, en particulier, revêt une importance capitale. Comment gérer ces dépenses ? Tout simplement en les consignant. En scrutant de près où va votre argent, vous pouvez identifier des dépenses inutiles et déterminer votre montant disponible pour investir. Bien que cela puisse sembler fastidieux au départ, c'est une démarche indispensable. Pour ma part, je crée un tableau Excel où les lignes correspondent aux postes de dépenses et les colonnes représentent les mois de l'année. L'objectif est de déterminer le pourcentage de vos revenus ainsi que le montant absolu qui vous reste disponible pour investir. Mais surtout, l'élément clé de cette gestion financière - celle de vos dépenses - consiste à comprendre en détail où va votre argent, afin de calculer le montant requis pour constituer un fonds d'urgence. En effet, avant même de penser à investir, la création d'un fonds d'urgence est obligatoire. Quel montant pour ce fonds d’urgence ? En matière de gestion des risques, il est souvent recommandé de viser l'équivalent de six mois de dépenses. Et concernant les dépenses professionnelles ? Si vous ne bénéficiez pas d'une prévoyance, il est important de les prendre en compte. Le fonds d'urgence est précisément conçu pour faire face aux situations d'urgence : qu'il s'agisse d'une panne de voiture, d'un remplacement de téléphone, et autres imprévus.
Une fois ceci fait on en arrive aux règles.
Ah enfin !
L’esprit du médecin étant systématisé, voici la vision d’ensemble que nous pouvons avoir des produits d’investissement. Tous les produits peuvent être regroupés en 4 classes patrimoniales distinctes : financier, immobilier, professionnel et résiduel. En aparté, la répartition du patrimoine des 1% les plus riches de France, qu’il soit brut ou net est respectivement grossièrement de 30%-30%-30%-10% (34%-30%-28%-10% en 2018 pour les gens qui aiment la précision). Cette répartition n'est pas anodine, car elle répond à un besoin en matière de gestion des risques.
Mais ensuite ? Ensuite… oui il faut du travail. Il faut saisir quel type de produit appartient à chacune des catégories. D’ailleurs la catégorie résiduelle englobe l’ensemble des biens comme une voiture, un téléphone, etc.. Dans cette catégorie, dans la vision investisseur on s’intéresse à tout ce qui conserve ou prend de la valeur.
Il est important de comprendre les règles également pour ne pas se faire piéger.
Bon et concrètement ? Le post est déjà trop long et il faudrait en écrire encore plusieurs pour tout développer, mais si vous arriver à retenir ce qui va suivre c’est déjà génial !
1) Définir des objectifs SMART : Avant tout, établissez des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes et temporellement définis. Cela vous aidera à donner une direction claire à vos investissements.
2) Gérer vos finances et Créer un fond d'urgence : Prenez le contrôle de vos finances en examinant vos dépenses de manière approfondie. Créez un fond d'urgence de 6 mois les dépenses pour faire face aux imprévus, essentiel pour maintenir une base solide avant de commencer à investir.
3) Comprendre les règles et découvrir les classes patrimoniales : Identifiez les quatre catégories patrimoniales : financier, immobilier, professionnel et résiduel. Comprenez les règles sous-jacentes de chaque catégorie pour éviter les pièges et maximiser vos opportunités.
Ces étapes fondamentales vous fourniront une base solide pour débuter votre parcours d'investissement !
Pour le reste, comment je me suis formé personnellement ? Sur le tas, en pratiquant, en lisant, en échangeant avec des personnes de chaque domaine, un peu tous les jours. Rome ne s’est pas faite en un jour ! Dans cet article, principalement ce que j’ai lu. Mais il y a une chose que j’aurai aimé avoir en p2 : une source unique et complète, un endroit où tout est regroupé. Le groupe Facebook le divan des investisseurs créé par des collègues médecins : ce groupe est déjà une chance pour les personnes d’une même profession et c’est ce que nous voulons transmettre à nos collègues avec Clément. Quelque chose où tout serait regrouper en mode IKEA avec toutes ces règles que j’aurais aimé connaître dès le début. Pour ceux qui aiment prendre le temps, rechercher et découvrir vous avez un aperçu de mes lectures. Si vous voulez tout faire straight to the point, on est là pour ça avec les séminaires !