Le temps passe, mais cela n'a pas toujours été le cas. Comment ça ?

Lorsque vous étiez à l'école, le temps s'écoulait plutôt lentement surtout lorsque vous surveilliez l'horloge en cours. Bien entendu le temps ne s'accélère ou ne se ralenti pas vraiment. Une minute sera toujours 60 secondes. Un jour sera toujours 24 heures. Pourtant, en vieillissant, nous sommes souvent sonnés par la façon dont les jours, semaines, mois et les années défilent. La science dit que nous pouvons repousser notre échéance en établissant des relations solides, en faisant de l'exercice, en mangeant bien, en dormant beaucoup et peut-être même en méditant. Mais notre réalité est basée sur nos propres perceptions. Par exemple, nous pourrions vivre jusqu'à 90 ans et, le jour de notre 89ème anniversaire, nous demander comment le temps est passé si vite. Ou bien, nous pourrions vivre jusqu'à 60 ans et le jour de notre 59ème anniversaire, réfléchir à la longue et riche vie que nous avons menée. C'est notre perception qui définit notre réalité.

Partant de cette dernière observation, nous pouvons nous dire que nous pouvons vivre plus longtemps en étirant notre perception du temps. Le Dr David Eagleman, un neuroscientifique spécialisé dans la perception du temps, affirme que lorsque nous répétons les mêmes tâches, le temps passe beaucoup plus vite que lorsque nous faisons quelque chose de nouveau. Je vous propose de faire une pause et de réfléchir à cette assertion. Celle-ci peut-elle s'appliquer à vous ?
C'est pourquoi, lorsque la plupart d'entre nous avancent dans l'age "le temps passe vite". Nous tombons dans des schémas prévisibles : nous allons travailler, nous effectuons les mêmes tâches, nous parlons aux mêmes collègues, nous rentrons chez nous en voiture, à pied ou à vélo de la même façon que nous sommes venus, nos routines après le travail sont aussi souvent les mêmes. Après avoir lu ce passage, pensez-vous que cela s'apllique à vous ?

Quand nous étions enfants, un an représentait un grand pourcentage de nos vies. Un an semblait plus long qu'aujourd'hui. Mais aussi, lorsque nous sommes enfants, nos vies changent. Nos corps ne cessent d'évoluer, nos amitiés changent, nos amours sont souvent brefs, les routines changent plus souvent (école, sport, jeux extérieurs, jeux vidéos, boites de nuit...). Nous avons beaucoup appris en peu de temps.

Richard A. Friedman, professeur de psychologie clinique au Weill Cornell Medical College déclare : "L'attention et la mémoire jouent un rôle dans notre perception du temps. Pour évaluer avec précision le temps qui s'écoule pour accomplir une tâche donnée, il faut être capable de se concentrer et de se souvenir d'une séquence d'informations. Quand nous sommes jeunes, les changements auxquels nous sommes confrontés et l'ampleur de ce que nous apprenons sont ces séquences d'informations". Lorsque nous tombons dans les mêmes routines le temps se confond. Nous avons du mal à "retracer" le temps : à nous rappeler des événements spécifiques qui sont beaucoup trop similaires ou routiniers. Si on se pose de nouveau un instant, vous souvenez-vous précisément de vos journées de la vieille ou de l'avant-veille, de ce qu'il s'est passé sur le trajet du travail, de ce qu'il s'est passé au boulot, de ce que vous avez dit avec tous vos patients ou collègues, ou même de ce que vous avez mangé, si tout était routinier, sans nouveauté. Honnêtement, j'ai du mal. Je ne pense pas souffrir de troubles cognitifs ! Par contre lorsque quelque chose vient casser la routine, je m'en souviens beaucoup plus facilement ! D'un restaurant atypique l'avant vieille, d'une situation médicale atypique etc...


Dans le magazine de vulgarisation américain Scientific American (publié depuis 1845 !), Jordan Gaines Lewis PhD en psychologie a fait référence à ce que le psychologue William James a dit en 1890 : "le temps semble s'accélérer car l'âge adulte s'accompagne de moins en moins d'événements mémorables. Chez les enfants, le temps qui passe est mesuré par de nombreux événements de la première fois (premier baiser, premier jour d'école, premières vacances en famille, etc...). Le temps semble donc passer lentement". Mais parce que notre perception du temps est élastique, nous pouvons étendre cette perception en adoptant de nouveaux apprentissages et des expériences alternatives similaires à celles que nous avons eues quand nous étions enfants. Voici quelques idées tirées des études que l'on pourrait faire pour étirer le temps :

1. Apprendre une nouvelle langue
Vous ferez l'expérience de tant de nouvelles "premières fois" alors que vous vous débattez avec les mots et les phrases basiques. Vous mesurerez les mois ou les années que vous aurez passés à apprendre ainsi que la progression dans cette nouvelle langue. Sur le plan cognitif, exercer votre cerveau en ce sens vous aide à rester vif, cela pourrait préserver de la démence et peut-être même prolonger votre vie. Prenez un prof physique ou numérique. Vous avez Duolingo ou MosaLingua.

2. Visiter un pays étranger
Faites-vous des amis avec les habitants. Poser des questions. Apprenez tout ce que vous pouvez sur l'endroit où vous vous trouvez. Vous aurez une expérience plus riche (et sensiblement plus longue) en faisant cela.

3. Apprendre un nouveau sport ou une nouvelle compétence
Rencontrerez de nouvelles personnes et subissez la courbe d'apprentissage abrupte que vous avez connu enfant. Votre perception du temps s'étirera. Apprenez la Bourse ou l'immobilier (au hasard), venez en séminaire (au hasard bis). Lorsque j'ai appris le code, je peux vous dire que le temps a semblé bien long et je peux vous dire exactement le temps que cela m'a pris avant de vraiment comprendre ce que je faisais. Cela marche bien !

4. Être spontané
Au moins une fois par semaine, essayez quelque chose de différent. Allez danser, nager, observer les oiseaux, pêcher… Tout ce que vous ne faites pas normalement. Quelque chose que je fais et qui marche bien pour étirer le temps. Dans un lieu inconnu je m'arrête dans un café, en terrasse si possible, je prends à boire et je regarde passer et les gens interagir. Le temps semble se ralentir et cela est reposant, comme une sorte de méditation. Peut-être avez vous déjà expérimenter ou ressenti ceci. Je ne fais pas ceci une fois par semaine mais j'aimerai bien.

Physiquement, nous ne pouvons pas à ce jour vivre éternellement. Vous voyez qu'il n'est pas uniquement nécessaire de tout stopper pour étirer le temps. Si nous ralentissons notre perception du temps en profitant de nos moments et en ajoutant de la variété, nous pourrions expérimenter l'une des meilleures choses. Savourer réellement le temps.