Qu’est-ce que la richesse ? Comment définir le mot « riche » ? Même si chacun peut avoir sa propre définition voici un tour d’horizon et la lecture que je vous propose.
"Riche" est un mauvais mot. Il est imprécis dans notre langue et il ne distingue pas assez les choses. Je m’explique. En anglais pour désigner la richesse vous avez le mot "rich" et "wealthy". Ces deux mots ont la même traduction en français mais l’idée de fond est sensiblement différente.
Pour simplifier, en anglais, quelqu’un de "rich" est quelqu’un ayant beaucoup de revenus. Quelqu’un de "wealthy" dispose de beaucoup de stock et de revenus. Dans un cas vous avez beaucoup de flux et dans l’autre, du stock ET du flux. Et le stock est défini en termes d’actifs. Les gens "wealthy", sont donc, dans une définition française, des gens "vraiment riches", c’est-à-dire avec du patrimoine (qui par ailleurs dégage des revenus) et un très bon revenu. Mais ce n’est pas tout !
Si on rentre plus précisément dans une définition factuelle de la richesse, quelqu’un n’est pas riche s’il gagne 1 million d’euros par an, conduit une Ferrari ou voyage en première classe vers des complexes hôteliers de luxe chaque année, mais doit travailler pour vivre.
À l’opposé, la définition économique et factuelle de la richesse est la suivante : une personne est riche ("wealthy") si elle peut dépenser indéfiniment au moins deux fois le revenu médian de la région dans laquelle elle vit, sans avoir à travailler.
Finalement, dans notre monde développé, il y a certainement beaucoup de "riches", beaucoup de "faux riches" selon la définition factuelle (ceux qui gagnent 1 million et qui doivent travailler pour vivre car dépensent trop) et très peu de personnes "wealthy".
Maintenant que nous avons posé la sémantique, la vraie question est : l’argent, que cela soit du flux ou du stock, le patrimoine, définissent-ils uniquement la richesse ?
La réponse sera propre à chacun mais fort à parier qu’elle tendra pour la plupart vers le non.
Dans ce monde où tout est fini à notre échelle, la plus grande richesse reste la santé. Sans celle-ci vous ne produisez rien ou peu. Si on garde une vision proche de l’argent, la réponse serait le temps.
En effet, la plus grande richesse est le temps. Le temps que vous avez à votre disposition pour vous, votre famille, vos proches. Le temps que vous avez pour vivre, faire vivre, partager des expériences. Et ce temps à une valeur. L’argent ou encore le fait d’être "riche" (prenez la définition que vous voulez, cela n'a pas d'importance) vous permet d’acheter du temps.
Que restera-t-il de vous lorsque vous serez mort ? Votre patrimoine, votre argent ? Vos enfants ? Le souvenir qu’on aura de vous ? De manière pragmatique, rien de tout ça. En effet, vos enfants peuvent vous détester, votre patrimoine et votre argent peuvent être rapidement dilapidés. Ce qui restera de vous, c’est le bien ou encore les choses que vous aurez rendues à une population, quelque soit l’échelle. Oui, il peut probable que vous marquiez l'histoire comme César ou Napoléon, mais sait-on jamais !
Vous pouvez ne pas être d’accord avec cette lecture mais dans le sens où vous ne contrôlez plus rien à votre décès, pourquoi se soucier d’accumuler encore et toujours ? Acheter des garages, plein de biens immobiliers, remplir son portefeuille boursier au maximum ? Quel est le but profond de tout ça ?
L’argent, la richesse n’est qu’un moyen d’atteindre des objectifs et de toucher les gens, en bien ou en mal. Mais dans le sens où vous n’aurez plus rien sous contrôle après votre vie, ces objectifs sont-ils réellement profonds et nécessaires ? Cela vaut-il la peine de se prendre la tête car vous avez raté une opération immobilière ? Ou manqué le énième bullrun crypto ? Tout ça pour quoi ? Du confort supérieur à l'instant T, à la retraite ? Une maison de 900m2 ? La vraie question encore, avez-vous VRAIMENT besoin de tout ça ? Qu’est ce qui augmente réellement la satisfaction de vivre ou d’avoir vécu ? Selon les études, rien de tout ceci.
Les choses nouvelles ou coûteuses nous rendent rarement plus heureux parce que nous nous adaptons à ce que nous possédons. Par exemple, Norbert Schwartz, de la Michigan State University, a découvert que ceux qui conduisent des voitures chères pensaient apprécier davantage leur expérience de conduite que ceux qui conduisaient des voitures bon marché. Mais ils se trompaient dans leur hypothèse.
Cela n’empêchera peut-être pas le conducteur Toyota moyen d’avoir envie d’une Porsche. Mais le premier avantage de posséder une voiture haut de gamme est égal à la longévité d’un papillon de nuit... Un phénomène psychique s'appelant l’adaptabilité hédonique y veille.
Il est facile de dire : "cela ne m'arrivera pas".
Les chercheurs Emily G. Solberg, Edward Diener et Michael D. Robinson ont publié leurs conclusions dans l'American Psychological Foundation : "Pourquoi les matérialistes sont-ils moins satisfaits ?". Ils ont découvert que la recherche de "trucs" plus nombreux et meilleurs, ne rendait en fait pas plus heureux, même si l'hypothèse de départ était contraire. C'est parce que nous pensons souvent que si nous achetons quelque chose de spécial, cela nous rendra heureux. Mais généralement, ce n’est pas le cas. Au lieu de cela, cela nous met souvent sur le tapis roulant de la consommation. De nombreuses autres études conduisent à la même conclusion.
Notre quête de "choses" meilleures pourrait expliquer pourquoi les personnes aux revenus extrêmement élevés ne sont pas aussi heureuses qu’on pourrait le penser. Par exemple, dans un sondage mondial Gallup mené auprès de plus de 1,7 million de personnes dans le monde, les chercheurs ont découvert que la satisfaction dans la vie augmentait avec le revenu… Jusqu’à un certain niveau. Mais bien au-delà de ce point, la satisfaction à l’égard de la vie a tendance à diminuer. Ce point de bascule était différent pour chaque région du monde. Mais il était répandu partout. Je vous conseille d’aller lire l’article ci-dessus paru dans Nature Human Behavior (une des branches du fameux journal Nature). Pour l’avoir en full vous avez un certain site, vous pouvez nous contacter si vous ne voyez pas à quoi je fais allusion !
Les chercheurs pensent qu’à mesure que nous gagnons plus d’argent, nous désirons et acquérons souvent plus de "choses".
Mais cela ne doit pas nécessairement arriver. Vous pourriez gagner des millions par an et être toujours heureux… Et ce bonheur est surtout lié au temps.
Voici sept éléments basés de la recherche qui pourraient vous aider à "vivre votre meilleure vie" :
- Ne mettez pas à niveau ce que vous possédez si vos choses fonctionnent bien. En gros, inutile d’acheter le dernier iPhone si le vôtre fonctionne bien.
- N'achetez pas ce dont vous n'avez pas besoin. Vous économiserez de l’argent et cela protégera l’environnement.
- Investissez régulièrement votre argent. Si vous n’en avez pas besoin, quelqu’un d’autre pourrait en avoir besoin à l’avenir.
- Exercice quotidien. Si possible, faites-le avec vos amis.
- Socialisez avec votre famille et vos amis, idéalement plusieurs fois par semaine.
- Donnez votre temps et votre argent à de bonnes causes, des expériences pour vous, votre famille ou les autres. Si possible, essayez de vous assurer que vous pouvez être témoin des actions dans lesquels vous donnez votre temps et votre argent.
- Dépensez de l'argent pour des expériences, pas pour des choses.
Les 3 derniers points sont de loin les plus importants.
En conclusion, le temps, faire vivre des expériences et vivre des expériences tout en impactant les autres en bien restent pour moi les plus grandes richesses. Quelqu’un qui a du temps et qui est en bonne santé est par définition riche. Alors vous allez me dire : "selon ta logique les chômeurs et sans emploi sont riches. Mais pourquoi alors sont-ils la plupart malheureux ?". Ce n’est pas le temps qui rend malheureux mais son utilisation. Et dans ce cas, comment la personne se sent utile pour les autres.
La qualité de ce temps peut augmenter ce sentiment de richesse ou au contraire le diminuer. Pour avoir du temps de "qualité", des moyens sont-ils réellement nécessaires ? Oui. L’argent y contribue c’est un fait, mais jusqu’à un certain niveau. Et ce niveau n’est pas aussi loin que vous pourriez le penser (cf. étude ci-dessus). L’adaptation hédonique vient toujours biaisée notre pensée et nous croire que ce n’est jamais assez. Par contre, les expériences et les choses que vous n’aurez pas osé faire, seront bel et bien perdues. Même pour 1 000 milliards, vous ne pourrez pas, aujourd’hui, racheter le temps écoulé.